Impliquer le commanditaire
S’il y bien une chose sur laquelle nous, formateurs professionnels, sommes d’accord c’est la nécessité de poser un cadre au commanditaire de la formation. Sans cela, nous acceptons de « maltraiter » notre formation.
Nous savons tous, et d’autant plus depuis la réforme de la formation, qu’une action de formation ne se cantonne pas à une simple animation précédée d’un courriel de convocation.
Pour mettre le stagiaire dans les meilleures conditions pour apprendre il faut qu’il arrive sur les lieux avec un certain Projet. Avec une envie, une motivation, car on le sait depuis un moment maintenant, un stagiaire qui n’est pas motivé, c’est un stagiaire qui n’apprend pas.
Certes ces mêmes animateurs sont dotés de tout un tas d’outils qui permettent d’intéresser petit à petit le stagiaire et de jouer sur les différentes motivations intrinsèques et extrinsèques. Ce sont toutes les techniques pédagogiques qui au final favoriseront l’apprentissage et l’implication de l’apprenant.
Cela étant posé, on oublie bien souvent la contribution du commanditaire dans cette motivation. Combien de stagiaires arrivent en formation sans savoir ce qu’ils font là, certains disent même avoir reçu, la veille pour le lendemain, leur convocation…
Que ce soit en inter entreprise ou surtout en intra entreprise cette problématique est malheureusement connue des formateurs.
Que se passe-t-il aujourd’hui avec cette réforme de la formation qui vise le transfert de compétences sur le terrain. Que devient notre stagiaire non motivé, sans projet, lorsqu’on va lui demander de mettre ses acquis en application ?
Au niveau de la conception, le formateur devra être vigilant sur les objectifs pédagogiques et leur lien avec les objectifs opérationnels se traduisant en comportements nouveaux attendus. Ainsi, il devra accorder une attention particulière à la manière dont le commanditaire s’impliquera dans le « avant » et le « après » formation. Nous savons que le transfert de compétences nécessite de réunir de nombreuses conditions pour qu’il soit faisable et réussi. Il est donc important de créer ces conditions avec le commanditaire de la formation.
Depuis 2003, François-Maris Gerard nous alerte sur les obstacles au transfert en attirant notre attention sur le fait ceux-ci ne sont pas exclusivement liés aux participants ou à l'action de formation elle-même, mais peuvent avoir de nombreuses sources comme : « les responsables hiérarchiques des participants ne mettent pas en place les conditions nécessaires pour le transfert, quand ils ne s'y opposent pas de manière plus ou moins déclarée ».
Il s’agit à présent d’aborder différemment les entretiens de cadrage initiaux. Comment impliquer d’avantage le commanditaire ? Comment faire prendre conscience que son rôle est primordial dans la réussite de la formation et dans l’atteinte des objectifs.
Il est peut-être incontournable, aujourd’hui, de faire évoluer le cahier des charges en véritable contrat dans lequel les « conditions de réussite de la formation » soulignent l’importance de l’implication des opérationnels. Combien de fois sommes-nous arrivés chez un client pour nous apercevoir que, malgré nos demandes, la salle n’est pas adaptée, les tables mal disposées (une Formation n’est pas une Réunion), ou encore pas de possibilité d’arriver avant pour préparer les paperboards, tester le matériel, … Si le dispositif mis en place via Qualiopi est lourd pour les petites entreprises, la contrepartie est la prise de conscience du processus de l’apprentissage qui ne commence pas pendant la formation et ne se termine pas avec elle. Les compétences et les savoirs acquis se perdent s’ils ne sont pas mis en œuvre rapidement. Cette mise en œuvre, si le concepteur de l’action de formation la prend en compte dans son dispositif d’apprentissage seul le commanditaire en a la clé.